PFAS

Comment détecter la présence de PFAS dans les sols et les eaux ?

Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, aussi appelés polluants éternels, sont devenus un marqueur de la pollution industrielle contemporaine. Invisibles à l’œil nu, ils s’infiltrent partout : dans les sols, les nappes souterraines, l’eau du robinet… et même dans les organismes vivants. Leur résistance aux processus naturels de dégradation en fait un enjeu de surveillance complexe. Encore faut-il savoir où chercher, et surtout, comment les repérer.

Détecter la présence de PFAS dans les sols

Lorsqu’ils s’infiltrent dans les sols, les polluants éternels s’y fixent ou migrent en profondeur. Ils peuvent rester longtemps à l’état latent, constituant un réservoir de pollution qui libère lentement ses charges toxiques vers les eaux souterraines. Pour anticiper ces migrations et comprendre l’étendue d’une contamination, des méthodes spécifiques sont mises en œuvre, combinant terrain et analyses de laboratoire.

Prélèvements en profondeur

L’étape initiale consiste à extraire des échantillons de sol à différentes profondeurs. Ce travail s’effectue à l’aide de tarières ou de carottiers, permettant de recueillir des couches successives de terre, du niveau superficiel jusqu’à plusieurs mètres. La stratégie d’échantillonnage est définie en fonction du type de sol, de l’usage historique du terrain et des potentielles sources de PFAS identifiées dans les environs.

Analyses en laboratoire

Une fois prélevés, les échantillons sont analysés en laboratoire à l’aide de la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse (LC-MS/MS). Cette méthode, particulièrement sensible, permet de détecter des concentrations infimes de PFAS, parfois à l’échelle du nanogramme par kilogramme de sol. Elle offre également la possibilité de distinguer les différentes familles de composés (PFOA, PFOS, PFHxS, etc.), ce qui est essentiel pour comprendre le comportement des polluants.

Identification des profils de migration

Les résultats ne se limitent pas à un simple chiffre. Ils permettent de dessiner des profils de contamination selon la profondeur et d’estimer le potentiel de migration des polluants éternels vers les eaux souterraines. Certains composés restent fixés dans la couche superficielle, tandis que d’autres traversent plus rapidement les horizons du sol. Cette cartographie verticale permet de mieux cibler les zones à risque et d’adapter les solutions de dépollution.

Et, comment les localiser dans l’eau ?

L’eau est l’un des milieux les plus vulnérables aux polluants éternels, mais aussi l’un des plus difficiles à surveiller durablement. Ces molécules très solubles ne se déposent pas ; elles circulent, se déplacent, franchissent les filtres naturels et atteignent parfois les réseaux de distribution. Leur détection repose sur des outils de pointe, mais aussi sur une stratégie d’analyse rigoureuse.

  • Prélèvements ponctuels ou en continu : l’échantillonnage peut se faire ponctuellement dans les rivières, les nappes, les stations de traitement ou les points de distribution. Pour une vision plus globale, certains dispositifs de collecte passive sont immergés sur plusieurs jours ou semaines, permettant de capturer les PFAS présents en continu plutôt qu’à un instant donné ;
  • Prétraitement et concentration des échantillons : avant analyse, l’eau doit être filtrée et concentrée. Les polluants éternels, souvent présents à l’état de traces, nécessitent une étape de préparation minutieuse pour atteindre le seuil de détection. Cette étape évite aussi les interférences avec d’autres substances présentes dans l’eau ;
  • Analyse par chromatographie-spectrométrie (LC-MS/MS) : la technique la plus utilisée reste la chromatographie liquide à haute performance, couplée à la spectrométrie de masse. Elle permet d’identifier la présence d’une large gamme de PFAS, de quantifier précisément leur concentration et de détecter des composés émergents parfois encore non réglementés ;
  • Cartographie et croisement des données : l’analyse isolée d’un point d’eau ne suffit pas. Les données doivent être croisées avec la géographie du réseau hydrique, la localisation des zones industrielles, des sites polluants ou des anciennes activités militaires. Une cartographie dynamique permet de repérer les sources, de suivre les flux et de mieux anticiper les zones d’impact ;
  • Suivi temporel pour évaluer les variations : la présence des polluants éternels dans l’eau peut varier selon les saisons, les épisodes pluvieux ou les variations du débit. Mettre en place un suivi dans le temps permet de détecter des pics de contamination, d’observer les effets d’un traitement ou d’une mise en sécurité de site, et d’ajuster les protocoles d’analyse.

Voir l’invisible pour maîtriser l’impact

Détecter les PFAS n’est pas qu’une opération technique : c’est un acte de connaissance, un levier de décision, un préalable à toute action de dépollution. Sans cartographie précise, impossible d’intervenir efficacement. Or, les outils actuels, à la fois performants et accessibles, permettent de révéler des pollutions longtemps invisibles.

Identifier leur présence dans les sols, suivre leur mouvement dans l’eau, comprendre leur comportement moléculaire : chaque étape d’analyse contribue à mieux cerner le risque environnemental. Ce travail de détection, en constante évolution, ne se contente pas de révéler le passé. Il éclaire les décisions de demain.

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